Quand je rentre dans le bureau de Juan, celui-ci m'accueille avec un grand sourire et avec une courtoisie et une attention que je connais bien. Elle me rappelle celle de Ricardo à Sucua en Équateur lors de ma rencontre avec les responsables shuars de la FICSH*. La même prévenance, presque maniérée, qui peut suprendre, de prime abord, un occidental comme moi, un peu perdu dans ce bout du monde au milieu de la forêt tropicale. Je me laisse glisser dans le ton de la discussion à la fois cordiale et franche et tous les sujets sont évoqués. Je répète à Juan comme pour me convaincre que je suis en vacances. Mais bien évidemment très vite il est question de forêt, de plantes, de communautés et de projets de développement qui pourraient améliorer un peu la situation difficile des indiens Ch'ols de cette région du Chiapas. Mon interlocuteur me dresse le constat que je connais hélas que trop bien : des savoirs et des savoir-faire et une biodiversité extraordinaire dont la valorisation ne profite pas aux principaux potentiels et légitimes bénéficiaires : faute de moyens, de reconnaissance, de pouvoir décisionnel, d'organisation, et de conflits internes savamment appuyés par un état fédéral dont certains acteurs tirent profit. Rien de nouveau sous le soleil tropical, suis-je en train de penser...
Alors comme s'il sentait que son discours avait « un peu plombé l'ambiance » malgré tout, il me parle de ce petit palmier qui est abondant dans la région et me demande si on pourrait pas faire quelque chose de cette espèce au nom prometteur « la mata del dollar » (l'arbuste du dollar). Comme un genre d'antidote à la pauvreté chronique qui frappe les gens du coin..(à suivre)
Articles liés :
Avantages partagés
*Federación Interprovincial de Centros Shuar FICSH