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Il y a des gens comme çà qui vous marque à vie. Pas par leur physique ni leur présence, non plutôt par leurs idées géniales, leur inventivité et créativité, et leur esprit pionnier. J'avoue que ceux là me touchent plus particulièrement. Francis Hallé en fait partie.

Je me souviens, il y a quelques années de son intervention lors d'une conférence publique à Montpellier au Jardin des plantes. L'homme semblait assez fatigué, presque usé par ces années de lutte à défendre les forêts primaires. Pour être sincère j'avoue que j'étais même un peu las d'entendre cet éternel discours sur la fin irréversible des forêts primaires. Même hélas vérifié par les faits , je ne comprenais pas cet acharnement stratégiquement inutile à le répéter. J'avais de ma propre expérience militante appris très tôt qu'on ne convint pas l'opinion avec les mots de Cassandre mais en montrant le beau, le magnifique afin d'espérer changer un peu les comportements et les prises de conscience. Ma formation et mon expérience d'agronome m'avait fait aussi percevoir les nombreux enjeux de développement qui pouvaient être à l'origine de la destruction des forêts tropicales symptôme de maux bien plus profonds (insécurité alimentaire, pression foncière, essor des cultures spéculatives, déplacements de populations, exploitation forestière et minière..).

J'étais là donc à écouter un discours que je craignais connu, quand le vieil homme lança cette bombe, sous la forme d'une idée simple, un peu folle et qui perce nos cœurs et notre esprit. Devant le constat de l'insuffisance de ces cris d'alarme et l'impuissance de ces écrits, il proposait de faire un film, un film hymne aux forêts primaires et arbres tropicaux qui serait, et c'est ainsi qui l'exprima, au pire un testament cinématographique pour les générations futures, au mieux le début d'une prise de conscience planétaire cette fois -ci réelle sur la nécessaire et urgente préservation de ces écosystèmes. A l'image de ce qu'avait été Le monde du silence du capitaine Cousteau pour la défense des océans. A l'époque convaincu, qu'il ne bénéficierait de peu de soutien institutionnel pour un tel projet militant, il en appelait à la participation large du public. L'entreprise a commencé ainsi. Et je me souviens alors de ce sursaut de détermination et d'espoir de ce scientifique presque résigné qui illumina l'amphithéâtre. Oui c'était possible avec trois francs six sous de commencer ! parce qu'il fallait le faire, parce qu'on ne pouvait attendre, parce que nous nous pouvions aussi le faire, nous à notre petit niveau.

Alors ce matin, quand je tombe sur l'annonce de la sortie du film "Il était une forêt", je repense à ce discours, et je savoure l'heureuse nouvelle comme on découvre émerveillé ce qu'est devenue cette petite graine, cette promesse d'un géant....

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